Entre attentes et déceptions
Les visites permettent de maintenir le lien entre l’enfant et son parent. L’enfant construit son identité aussi en tant que fils ou fille de son parent. Maintenir le lien avec son parent peut être particulièrement compliqué ou douloureux quand ce parent souffre d’addiction. Le parent n’est pas forcément en état de voir son enfant dans un climat serein au moment de la rencontre prévue.
Les visites
Parfois, les visites avec son parent sont source de souffrances pour l’enfant que vous accueillez. Il s’était réjoui de retrouver son parent, mais celui-ci n’est pas venu au rendez-vous. Ou bien la visite s’est mal passée. Ou alors l’enfant refuse de se rendre à la visite. Ou parfois même lorsqu’une visite se passe bien, c’est le moment de séparation qui génère de la souffrance chez l’enfant.
Couper le lien avec son parent n’est pas la solution magique pour épargner tout problème ou toute souffrance à l’enfant. Des études montrent que les enfants qui ont maintenus le lien avec leur parent s’en sortent mieux, principalement car le maintien du lien casse l’image idéalisée du parent et confronte l’enfant à son parent « réel ».
En tant que famille d’accueil, vous pouvez l’aider à faire face à certaines situations :
Son parent n’est pas venu à la visite
- Donner une explication simple à l’enfant.
Son papa / sa maman n’était pas en état de le voir aujourd’hui à cause de sa maladie. - Le rassurer.
Vous et le réseau êtes là pour prendre soin de lui. D’autres personnes sont chargées de prendre soin de son parent. - Le déculpabiliser.
L’enfant peut se sentir responsable si son parent n’est pas venu. C’est très important de lui rappeler que ce n’est pas de sa faute. - Accepter d’envoyer un dessin,
une carte, une lettre à son parent pour maintenir le lien.
La visite s’est mal passée
- Accueillir l’enfant là où il est.
L’enfant peut être influencé par l’état émotionnel de son parent. Il peut donc se sentir très mal après une visite qui s’est mal passée. C’est important de le laisser exprimer ses émotions. - Respecter son choix d’en parler ou pas.
Montrez-vous disponible pour en parler un peu plus tard s’il le souhaite en lui disant : « Si tu veux parler de ce qui s’est passé, je suis là ». - Le déculpabiliser.
L’enfant ressent souvent de la culpabilité si son parent ne va pas bien. Il peut se sentir très responsable si une visite s’est mal passée par exemple. C’est très important de lui rappeler que ce n’est pas de sa faute, même si l’enfant a de la peine à s’en convaincre. - Instaurer un temps de « soupape » au retour.
Cela permet à l’enfant d’évacuer ses émotions. Dans la mesure du possible, ne prévoyez pas d’activités après les visites pour accorder le temps à l’enfant de digérer ce qu’il s’est passé.
L’enfant ne veut plus voir son parent
- L’enfant a honte de voir son parent.
Prenez contact avec l’intervenant·e en protection de l’enfant pour voir s’il est possible de modifier le cadre des visites. - L’enfant refuse de revoir son parent.
N’hésitez pas à contacter l’intervenant·e en protection de l’enfant pour discuter de la problématique et des ajustements qui peuvent être faits.
Quand informer l’autorité de protection ?
En tant que famille d’accueil, vous avez un devoir d’information à l’autorité de protection de l’enfant et de l’adulte (APEA). Il est important de ne pas cacher une problématique (parent ayant consommé devant l’enfant pendant la visite, absences à répétitions, violence verbale ou physique, etc.) même si cela peut avoir des conséquences.
En effet, transmettre vos observations permet d’améliorer la qualité de la prise en charge et donc la protection de l’enfant. En fonction de vos informations, l’autorité de protection décidera des mesures nécessaires à prendre. Attention, votre seuil de tolérance n’est peut-être pas le même que celui de l’intervenant·e en protection de l’enfant. Il se peut que les visites soient maintenues malgré les difficultés évoquées. Dans ce cas, n’hésitez pas à demander de l’aide à votre assistant.e social.e de référence et / ou à l’intervenant·e en protection de l’enfant pour bénéficier d’un soutien spécifique ou pour que les visites se fassent dans un point rencontre.
Il peut arriver que les visites soient réduites voire suspendues. Cela peut être mal vécu par l’enfant. Dans ces cas-là, il est important de lui rappeler que la mesure est provisoire qu’elle vise à le protéger. Expliquez-lui que ce n’est pas vous qui prenez ces décisions mais que c’est un juge qui décide.
Il peut aussi arriver que les visites soient maintenues malgré les difficultés évoquées. Dans ce cas, et pour obtenir des explications à cette décision, n’hésitez pas à demander de l’aide à votre assistant.e social.e de référence et / ou l’intervenant·e en protection de l’enfant.